Portail royaliste - deuxième !

Le billet précédent (Convergeons au portail) exposait les motifs conduisant à une "usine" royaliste de communication. Dans celui-ci nous voulons expliquer comment s'articulent le portail de presse et le site d'actualités et pourquoi ils doivent apparaître "généralistes" pour susciter l'intérêt d'un lectorat le plus large possible. Parce qu'on a bien compris que si l'objectif est de réacclimater l'idée du roi en France, il ne sert à rien de conforter dans leur choix politique quelques milliers de royalistes convaincus. Il faut élargir.
A ce sujet, le tarifs d'abonnement prohibitif de certain de nos journaux démontre clairement sa vocation à devenir un bulletin amicaliste, voire une cotisation syndicale. Si l'on veut conquérir un lectorat et lui infuser ses idées, on lui offre déjà le support au prix du marché. Apparemment son tarif est plombé par des engagements antérieurs non soldés, mais que nous ne jugerons pas. Celui du trimestriel intellectuel accéléré (5 numéros par ans) est également très onéreux rapporté au marbre. Peut-être que la dévolution de certains services accessoires au portail projeté permettrait de serrer les coûts et tasser ces tarifs. Non ?...

Etre de son temps, c'est aujourd'hui être d'abord électronique, du moins tant que l'on vise un marché de masse. Si l'on vise un marché de niche, tous les supports peuvent s'adapter, mais le problème du royalisme est justement de sortir des marchés de niches. Généraliste donc tu seras ! Ugh Yoda !
Au slogan du Figaro emprunté à Beaumarchais "Sans la liberté de blâmer il n'est pas d'éloge flatteur" je préfère intégrer dans notre raisonnement : "On n'attrape par les mouches avec du vinaigre". Saviez-vous par exemple que le quotidien L'Action Française avait une chronique hippique réputée ?
En revenant de Longchamp, le turfiste pouvait aussi lire une ou deux pages du journal dans l'autobus. Les concepteurs du portail royaliste doivent évacuer le vinaigre et bien saisir les hypothèques du passé dont la main-levée tarde à venir malgré les efforts de nos meilleures plumes pour une honnête réhabilitation de la monarchie. Nous avons trop souvent confondu royalisme et action violente, jusqu'à même l'incorporer au service exclusif de la nation et n'en faire qu'un chapitre du "nationalisme intégral".
Cessons de charger la barque du roi de gueuses de fonte qui n'ont rien à y faire d'essentiel. La promotion de la royauté est déjà bien assez difficile dans les esprits de nos concitoyens qui classent ce régime sur l'étagère des pouvoirs révolus, autoritaires et aveugles. Les "fontes" ne se reconnaitront pas.

Un site généraliste d'actualités n'a rien à défendre visiblement. Il expose quotidiennement les travaux des champs et des jours de ce bas monde en les choisissant pour convaincre son lectorat de sa pertinence, c'est tout dire s'il doit plaire à beaucoup de gens différents. Il n'a pas à afficher de préférences, ce qui ne le prive pas d'en avoir. Ainsi travaille-t-il la hiérarchisation des nouvelles affichées, l'espace qu'il y consacre, les hauteurs de titres, etc. selon sa charte éditoriale, mais ne monte pas à l'assaut de l'opinion. Il cherche plutôt à la noyer. Observez certains journaux de la presse nationale, il y arrivent très bien.
La proportion d'un quart pour la Cause, et trois quarts hors-de-cause me semble raisonnable. Dans ce quart serait à faire le travail de compte-rendu que ne font pas les grands médias nationaux. Le site d'actualités peut s'y risquer et mesurer la variation d'audience.
A noter que le mouvement royaliste n'a aujourd'hui aucun organe quotidien de référence, mis à part le compilateur des Manants et deux blogues, celui de l'AFE (CRAF) et celui de La Faute à Rousseau (RN). Le site quotidien du portail satisferait en partie ce manque.

Le portail de presse est plus susceptible de "trahir" les opinions des propriétaires car il met en avant le traitement de nouvelles ou de dossiers appliqué par d'autres à la même matière première que celle que mouline leur site d'actualités. Parmi les idées présentées figureraient - s'ils le veulent - les éditoriaux des Epées, de Royaliste, AF2000, Politique Magazine, du Lien légitimiste, de la Gazette, la Blanche Hermine, France catholique, SymbOle et beaucoup d'autres... comme les articles de blogues, les quatrièmes de couverture de livres, les amorces de dossiers historiques, les annonces de conférences, sans oublier les communications des secrétariats princiers ; tout cela mélangé dans une revue de presse (et d'édition) plus générale, à la proportion de 40-60 pour les "banaliser".
En passant, il est intéressant de noter que tous les sites de news, agrégateurs (Yahoo...) ou originateurs (Libé, l'Obs, le Figaro...) ont développé un réseau de blogues de lecteurs (vrais ou faux) pour nourrir le buzz Internet à partir de leur racine Web. Des articles de ces blogues sont propulsés chez les agrégateurs pour augmenter l'audience de telle ou telle marque de presse.

Arrivé ici, il est clair que le projet marcherait sur deux jambes, portail de presse et site quotidien. Une troisième est indispensable au dahu : les services rendus aux abonnés par l'équipe résidente, qui ont été évoqués dans le premier billet, ne méritent pas vraiment un nouveau développement, mais demeurent un volet important du dispositif. Ainsi, la centralisation de abonnements par un kiosque commun aux organes royalistes est à creuser ; le carnet mondain, le mass-mailing, le forum flooding aussi.

(billet paru sur Royal-Artillerie le 11 février 2009 (version complète illustrée)
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