L'Action française a perdu deux communicants d'importance en la personne de Michel-Yves Michel et de Pierre Builly, décédés au début de ce mois. Le premier était sociologue, réactionnaire et royaliste providentialiste, fervent soutien du prince d'Orléans en attente, mais un peu touffu dans ses pérégrinations doctrinales, finalement un peu daté mais toujours au rempart (archives).
Le second était sous-préfet et officier de la Légion d'Honneur, à de nombreuses reprises, attaché de cabinets ministériels voire chef de cabinet de Jacques Toubon, et pas moins royaliste que le premier mais plus subtil.
Comme le sous-préfet aux champs d'Alphonse Daudet mâchonnait des violettes en versifiant dans le petit bois de trousse-chemise, Pierre Builly était un cinéphile savant qui a produit plus de trois centaines de recensions cinématographiques de haute qualité avec le ton juste et les détails qui vous font revenir. Vers la fin de sa vie, il participait par ses "films" et ses commentaires à la vie du quotidien méridional en ligne Je Suis Français, pour faire redescendre parfois l'exaltation de contributeurs royalistes trop éloignés du vrai pays réel. Il va nous manquer.
Olivier Perceval a fait la double eulogie qui va bien ici.
Aux familles et aux amis de chacun, nous présentons nos condoléances sincères.
Communiquer sur l'éducation du prince
Il est d'acception commune que la force du royalisme héréditaire réside dans la formation des princes dans l'emploi dès le plus jeune âge. L'art de gouverner est ainsi transmis au plus près du domaine d'application et les aptitudes du futur impétrant jugées sur toute la période de formation pour faire les corrections qui s'imposent.
Il est donc utile de communiquer sur l'éducation particulière du prince dans le projet d'accéder. Ce qui ne manque pas de soulever des difficultés si le "dauphin" est manifestement inférieur au niveau requis ou pour toute autre raison affaiblissant le principe éducatif.
Or il s'avère que les anciennes familles royales susceptibles de répondre à l'appel de la nation en disent très peu voire rien sur les cursus imposés à leur progéniture, quand les familles régnantes communiquent d'abondance sur l'excellence de la formation de leurs pépites. Ce qui confirme bien la force du protocole éducatif dans l'emploi.
Le cursus militaire de la princesse des Asturies est l'archétype du genre. Et le modèle cadre parfaitement à la mission. L'Espagne aura un jour une grande reine.
Ceux parmi les royalistes qui cherchent un prince capable d'emporter la mise, seraient bien inspirés de placer cette éducation dans leur argumentaire, ce qu'ils ne font jamais dans le tunnel d'une légitimité obsessionnelle qui privilégie le herdbook du haras dynastique sur toute autre considération. Ils prennent ce faisant le risque d'adouber un crétin portant beau et souple en génuflexions, quand il y faudrait un nouveau Bonaparte au pont d'Arcole ou le Villars de Denain. L'affaire n'aboutira simplement pas, car plus on est bête, plus on cherche des garanties de succès.
L'indifférence des maisons royales déposées signifient qu'elles ne croient à aucune convocation du pays à revenir aux affaires et comptent profiter longtemps du lustre de leur naissance sans obligation de ne rien prouver.
Pourquoi ce prestige usurpé fait-il l'admiration des badauds, reste un mystère de la psyché humaine. On en peut sourire tant que les descendants ne revendiquent pas l'héritage d'une autorité naturelle, voire de la couronne tant qu'à faire, sur la seule présentation de leur généalogie tamponnée. Mais certains, parfaitement incapables, ont du mal à résister au jeu de rôle que des courtisans intéressés au futur de leur imagination leur donnent à grand fracas. Le risque est néanmoins très faible de les voir aboutir parce qu'ils ignorent les fondamentaux d'une restauration pour ne voir que le bulletin de naissance.
Le blogue Canon Gaillon (Royal-Artillerie) a longuement étudié la question de l'éducation dans son "Espace Rénovation Politique". Nous y renvoyons les lecteurs studieux en cliquant ici.
Il est donc utile de communiquer sur l'éducation particulière du prince dans le projet d'accéder. Ce qui ne manque pas de soulever des difficultés si le "dauphin" est manifestement inférieur au niveau requis ou pour toute autre raison affaiblissant le principe éducatif.
Or il s'avère que les anciennes familles royales susceptibles de répondre à l'appel de la nation en disent très peu voire rien sur les cursus imposés à leur progéniture, quand les familles régnantes communiquent d'abondance sur l'excellence de la formation de leurs pépites. Ce qui confirme bien la force du protocole éducatif dans l'emploi.
Le cursus militaire de la princesse des Asturies est l'archétype du genre. Et le modèle cadre parfaitement à la mission. L'Espagne aura un jour une grande reine.
Ceux parmi les royalistes qui cherchent un prince capable d'emporter la mise, seraient bien inspirés de placer cette éducation dans leur argumentaire, ce qu'ils ne font jamais dans le tunnel d'une légitimité obsessionnelle qui privilégie le herdbook du haras dynastique sur toute autre considération. Ils prennent ce faisant le risque d'adouber un crétin portant beau et souple en génuflexions, quand il y faudrait un nouveau Bonaparte au pont d'Arcole ou le Villars de Denain. L'affaire n'aboutira simplement pas, car plus on est bête, plus on cherche des garanties de succès.
L'indifférence des maisons royales déposées signifient qu'elles ne croient à aucune convocation du pays à revenir aux affaires et comptent profiter longtemps du lustre de leur naissance sans obligation de ne rien prouver.
Pourquoi ce prestige usurpé fait-il l'admiration des badauds, reste un mystère de la psyché humaine. On en peut sourire tant que les descendants ne revendiquent pas l'héritage d'une autorité naturelle, voire de la couronne tant qu'à faire, sur la seule présentation de leur généalogie tamponnée. Mais certains, parfaitement incapables, ont du mal à résister au jeu de rôle que des courtisans intéressés au futur de leur imagination leur donnent à grand fracas. Le risque est néanmoins très faible de les voir aboutir parce qu'ils ignorent les fondamentaux d'une restauration pour ne voir que le bulletin de naissance.
Le blogue Canon Gaillon (Royal-Artillerie) a longuement étudié la question de l'éducation dans son "Espace Rénovation Politique". Nous y renvoyons les lecteurs studieux en cliquant ici.
Providentialisme politique
La mode est aujourd'hui à la théologisation des gouvernances ; la politique du quotidien participe de l'accomplissement d'un destin qui fait couvercle à toute géostratégie. S'il est besoin d'une carricature d'illustration, on choisira celle de Donald Trump. A partir de là, il n'y a plus débat ni contradiction, il n'y a que la Ligne imposée par... le Ciel.
C'est en ce sens que la démocratie libérale a perdu la guerre de civilisation. Celles qui fonctionnent encore sur le mode contradictoire ont versé dans la pensée unique et refusent la confrontation d'idées, la tendance étant même à la sacralisation des éléments de la doxa imposée. L'exemple-type est l'instrumentalisation de la shoah.
Ainsi, les Etats-Unis ont renoué avec le messianisme originel à coup de droits de douane et de bombes ; la Fédération de Russie profite de l'incarnation du lieutenant béni de Dieu sur terre pour continuer sa marche au couchant ; la Chine populaire édite son catéchisme Xi imposé à sa jeunesse qui s'est trouvée un destin sur le temps long ; seuls les empires de grand désordre n'ont pas encore succombé à la théologisation de leur gouvernement, comme l'Inde ou le Brésil.
On peut creuser la question en cliquant ici.
Cette connexion nouvelle entre un Destin et une nation ne l'est pas pour un royaliste. Il a toujours fait le lien car c'est la fréquence porteuse de sa foi royaliste. Le roi est en mission pour Dieu. Mais parfois le royaliste abuse de ce lien. C'est le cas du providentialisme que certains légitimistes qualifient de poison parce qu'il coupe l'élan au militant de base, en remettant tout entre les mains de Dieu. Qu'est-ce à la fin ?
Le providentialisme est une inclination humaine, un penchant, qui prête aux événements une cause céleste. Mais aussi à diviniser un projet de physique sociale. Dans le premier cas, on idéologise le monde avec l'espoir d'une interaction, dans le second, on entre en action sur une base établie et sûre.
Le plus grand défi soulevé par le providentialisme est psychologique, ou pour le dire moins brutalement, le sens unique, parce que la puissance céleste invoquée est par convention, muette, sinon extrêmement discrète et jalouse de ses relais.
Le providentialiste construit à l'intérieur de son propre univers mental les éléments d'une conversation entre lui et l'au-delà. Nourrir cette conversation convoque une imagination débordante jusqu'à des subterfuges dont on tordra la signification dans tous les sens pour obtenir la confirmation de son intuition de départ. Ainsi en est-il des dires et délires des voyantes qui fabriquent leur proximité avec Dieu ou avec la Vierge Marie à tout motif dont celui d'une reconnaissance sociale prime.
L'intensité des révélations privées est augmentée de celle du besoin de confirmation de la thèse induite. La mécanique millénariste finit parfois dans une construction imposante comme celle du retour d'un roi caché ou le déclenchement imminent d'un Armageddon.
Ce penchant se détecte par divers symptômes mais le plus sûr est celui du messager. Celui-ci prêtera à la Providence les mots utiles à son combat, presque comme un ventriloque. Prenons l'exemple du retour du roi.
On peut légitimement arguer que la Providence ait parmi tous ses projets, celui du retour d'une monarchie de son obédience pour gouverner une nation en voie de désintégration, qui lui serait chère. A quel motif celle-ci plutôt que celle-là est une autre question. Mais le messager a déjà levé le doute !
Comment déceler les voies et moyens de Son projet ? C'est impossible.
Supposer que le projet concerne telle ou telle personne en particulier, choisie sur des critères purement humains (mortels), confine à la supercherie. Mais à force de labourer ce même sillon, la supposition de départ s'estompe pour laisser vivre une quasi-certitude. Il ne s'agira plus que de l'étayer de toutes révélations supplémentaires nécessaires à son triomphe. Cette dérive cumulative est celle de la Charte de Fontevrault qui est partie du Notre-Père remettant le destin de l'homme entre les mains de Dieu, pour aboutir à l'accomplissement de la saga du Grand Monarque, une légende aussi vieille que l'espèce humaine et dont les héros peuplent les romans depuis l'aube du monde. En y appliquant les atours de la politique théologique, on pare le concept de tous les codes élevant l'histoire au-dessus du commun. On porte par des prières le but à atteindre dont nul ne doute qu'elles soient entendues ; le retard de réponses participe de l'impénétrabilité des voies du Seigneur. Des esprits faibles peuvent être impressionnés.
Le dernier point que soulève le providentialisme est l'outrecuidance de la Conversation. Comment en arrive-t-on à discuter le bout de gras avec Dieu jusqu'à Lui indiquer l'impétrant choisi sur les critères propres au solliciteur ? Ce siècle destructeur n'épargne pas la distance prudente que doit observer tout mortel pris dans un échange avec les dieux. Toute proximité est vanité, toute vanité est injure. Des fois, on le paye !
Pour finir, on peut raisonnablement penser que la Providence ait le projet de restaurer une monarchie théocratique, tout autant que le contraire.
On peut raisonnablement penser que la Providence choisisse de repartir de la dernière race ayant régné, tout autant que le contraire.
On peut raisonnablement penser que la Providence favorise la rechristianisation du pays pour y rétablir une dynastie à Sa main, tout autant que son contraire, parce qu'Elle n'a pas besoin de nous pour s'accomplir.
Croire en la Providence appelle beaucoup d'humilité à sa contemplation. Prétendre agir de concert avec Elle, c'est déjà se mentir à soi-même au moment. Persévérer signale quelque chose de plus grave. En conclusion, la perception du phénomène providentialiste chez Royal-Artillerie recommande de s'en tenir aux supplications du Notre-Père au profit du croyant en son salut, et de se décharger de tout le fatras prophétique que l'Eglise elle-même ignore.
Quelqu'un n'a-t-il pas dit que Dieu rit ?
C'est en ce sens que la démocratie libérale a perdu la guerre de civilisation. Celles qui fonctionnent encore sur le mode contradictoire ont versé dans la pensée unique et refusent la confrontation d'idées, la tendance étant même à la sacralisation des éléments de la doxa imposée. L'exemple-type est l'instrumentalisation de la shoah.
Ainsi, les Etats-Unis ont renoué avec le messianisme originel à coup de droits de douane et de bombes ; la Fédération de Russie profite de l'incarnation du lieutenant béni de Dieu sur terre pour continuer sa marche au couchant ; la Chine populaire édite son catéchisme Xi imposé à sa jeunesse qui s'est trouvée un destin sur le temps long ; seuls les empires de grand désordre n'ont pas encore succombé à la théologisation de leur gouvernement, comme l'Inde ou le Brésil.
On peut creuser la question en cliquant ici.
Cette connexion nouvelle entre un Destin et une nation ne l'est pas pour un royaliste. Il a toujours fait le lien car c'est la fréquence porteuse de sa foi royaliste. Le roi est en mission pour Dieu. Mais parfois le royaliste abuse de ce lien. C'est le cas du providentialisme que certains légitimistes qualifient de poison parce qu'il coupe l'élan au militant de base, en remettant tout entre les mains de Dieu. Qu'est-ce à la fin ?
Le providentialisme est une inclination humaine, un penchant, qui prête aux événements une cause céleste. Mais aussi à diviniser un projet de physique sociale. Dans le premier cas, on idéologise le monde avec l'espoir d'une interaction, dans le second, on entre en action sur une base établie et sûre.
Le plus grand défi soulevé par le providentialisme est psychologique, ou pour le dire moins brutalement, le sens unique, parce que la puissance céleste invoquée est par convention, muette, sinon extrêmement discrète et jalouse de ses relais.
Le providentialiste construit à l'intérieur de son propre univers mental les éléments d'une conversation entre lui et l'au-delà. Nourrir cette conversation convoque une imagination débordante jusqu'à des subterfuges dont on tordra la signification dans tous les sens pour obtenir la confirmation de son intuition de départ. Ainsi en est-il des dires et délires des voyantes qui fabriquent leur proximité avec Dieu ou avec la Vierge Marie à tout motif dont celui d'une reconnaissance sociale prime.
L'intensité des révélations privées est augmentée de celle du besoin de confirmation de la thèse induite. La mécanique millénariste finit parfois dans une construction imposante comme celle du retour d'un roi caché ou le déclenchement imminent d'un Armageddon.
Ce penchant se détecte par divers symptômes mais le plus sûr est celui du messager. Celui-ci prêtera à la Providence les mots utiles à son combat, presque comme un ventriloque. Prenons l'exemple du retour du roi.
On peut légitimement arguer que la Providence ait parmi tous ses projets, celui du retour d'une monarchie de son obédience pour gouverner une nation en voie de désintégration, qui lui serait chère. A quel motif celle-ci plutôt que celle-là est une autre question. Mais le messager a déjà levé le doute !
Comment déceler les voies et moyens de Son projet ? C'est impossible.
Supposer que le projet concerne telle ou telle personne en particulier, choisie sur des critères purement humains (mortels), confine à la supercherie. Mais à force de labourer ce même sillon, la supposition de départ s'estompe pour laisser vivre une quasi-certitude. Il ne s'agira plus que de l'étayer de toutes révélations supplémentaires nécessaires à son triomphe. Cette dérive cumulative est celle de la Charte de Fontevrault qui est partie du Notre-Père remettant le destin de l'homme entre les mains de Dieu, pour aboutir à l'accomplissement de la saga du Grand Monarque, une légende aussi vieille que l'espèce humaine et dont les héros peuplent les romans depuis l'aube du monde. En y appliquant les atours de la politique théologique, on pare le concept de tous les codes élevant l'histoire au-dessus du commun. On porte par des prières le but à atteindre dont nul ne doute qu'elles soient entendues ; le retard de réponses participe de l'impénétrabilité des voies du Seigneur. Des esprits faibles peuvent être impressionnés.
Le dernier point que soulève le providentialisme est l'outrecuidance de la Conversation. Comment en arrive-t-on à discuter le bout de gras avec Dieu jusqu'à Lui indiquer l'impétrant choisi sur les critères propres au solliciteur ? Ce siècle destructeur n'épargne pas la distance prudente que doit observer tout mortel pris dans un échange avec les dieux. Toute proximité est vanité, toute vanité est injure. Des fois, on le paye !
Pour finir, on peut raisonnablement penser que la Providence ait le projet de restaurer une monarchie théocratique, tout autant que le contraire.
On peut raisonnablement penser que la Providence choisisse de repartir de la dernière race ayant régné, tout autant que le contraire.
On peut raisonnablement penser que la Providence favorise la rechristianisation du pays pour y rétablir une dynastie à Sa main, tout autant que son contraire, parce qu'Elle n'a pas besoin de nous pour s'accomplir.
Croire en la Providence appelle beaucoup d'humilité à sa contemplation. Prétendre agir de concert avec Elle, c'est déjà se mentir à soi-même au moment. Persévérer signale quelque chose de plus grave. En conclusion, la perception du phénomène providentialiste chez Royal-Artillerie recommande de s'en tenir aux supplications du Notre-Père au profit du croyant en son salut, et de se décharger de tout le fatras prophétique que l'Eglise elle-même ignore.
Quelqu'un n'a-t-il pas dit que Dieu rit ?
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