Le Piéton ne cherche pas noise aux chapelles. Il leur dit simplement que le mouvement royaliste français tourne en rond au lieu de s'élancer sur un axe de conquête des esprits. Il fut un temps où, sous l'impulsion du Groupe de liaison royaliste, dissous depuis, l'idée avait germé de tenir des assises du royalisme (clic) pour mettre le problème de l'impuissance chronique sur la table. Tout fut bon à ruiner cette idée dangereuse. Les positions acquises sur un socle restreint de militants, mais aussi un réflexe de conservation des hypothèques souscrites par les aînés disparus, eurent raison d'un nouvel aggiornamento. La monarchie du futur passera après la promotion de vieilles idées du XIXè siècle, après la nécrologie de gloires à jamais enfuies. Est venu maintenant le moment d'affronter les docteurs de la loi qui désignent impérativement le successeur de Charles X sur le trône de France comme le résultat d'une équation tirée des Lois fondamentales du royaume ou de traités anciens, les déviant selon les circonstances. Jamais ! Et cette aversion des penseurs royalistes à réfléchir sur le faisceau de paramètres à réunir pour qu'une monarchie active, réactive et de temps long arrache le pays d'aujourd'hui à son déclin, me navre. C'est le petit schéma de la monarchie héréditaire successible par ordre de primogéniture mâle qui tient la rampe, bien qu'il ait échoué, complètement et trois fois. Ce qui m'émeut n'est pas la gloire à venir d'un roi superbe et bien entouré, mais la survie de la France que j'aime et que je sens passer entre mes doigts comme le sable fin de la plage du Grand Travers. Pourquoi la plupart des intellectuels royalistes refusent-ils de phosphorer sur une rénovation de l'offre politique ?
J'ai compilé ce mois-ci la production des sites royalistes (pro)actifs, laissant de côté ceux qui sont dédiés à l'exaltation du patrimoine, forcément royalistes puisque ce sont les quarante rois qui ont fait la France ; de même pour les sites vendéens autocentrés sur les guerres civiles de la Révolution. Ceux-là ne sont pas concernés par notre revue de détail. J'en vois qui s'impatientent au fond de la classe !. J'en ai trouvé treize (ça commence mal) sans compter tous les blogs morts par dizaines et les sites arrêtés sur leurs archives, comme le sera un jour Royal-Artillerie. A tout seigneur...
L'Alliance royale (lien), seul parti politique déclaré en préfecture, ne semble pas être en capacité d'émerger sur la scène politique et ce n'est pas faute d'idées, mais de moyens. Confiant ses espoirs au seul principe, elle a neutralisé sa bannière en ne soutenant aucun prétendant comme elle le dit dans son Qui sommes-nous ,: « L’Alliance royale en tant que telle ne soutient aucun prince, considérant que ce rôle incombe à d’autres mouvements ; la désignation d’un successeur est d’ailleurs prématurée compte tenu de l’état des esprits ; elle ne sera pas le fait d’un parti politique et impliquera nécessairement tous les Français.»
Ses sections locales en sont réduites à l'organisation de conférences ou de cafés politiques, sans oublier les commémorations annuelles classiques. Sans moyens de propagande plus lourde sur les vecteurs de communication en vogue - il y faut des effectifs assignés 24/7 aux réseaux sociaux, le parti ne peut espérer figurer en bonne place dans les scrutins futurs. Mais au moins, il propose une plateforme politique concrète qui mériterait d'être largement diffusée. L'Alliance royale publie un Bulletin Périodique Officiel sur abonnement.
L'action française - Restauration nationale (lien) se définit comme une école de pensée, capable aussi de sortir les bâtons. Elle déploie une soixantaine de sections locales (clic) qui privilégient la formation et une certaine visibilité en ville. Le mouvement est plus que centenaire mais apparaît bloqué dans son évolution par le legs d'erreurs anciennes dont il peine à se départir. Des fréquentations moins prisées du grand public peuvent obérer son influence, comme le notait Pierre Builly en pied d'article RA il y a deux ans. L'aggiornamento semble impossible tant l'empreinte maurrassienne figée est forte ; ce qui a exclu de très bons militants voulant rénover la vieille maison.
Son manifeste est explicite de sa queue de trajectoire : « L’Action française travaille à changer les institutions politiques. Ayant condamné le régime républicain, elle s’emploie à en débarrasser la nation. Ayant reconnu dans la monarchie la vérité historique de la France, elle s’efforce de la restaurer en la personne du Chef de la Maison de France.
Royalistes parce que nationalistes, les adhérents de l’Action française s’appliquent à défendre l’héritage en l’absence de l’héritier. Ils essaient de limiter les méfaits républicains en les dénonçant par la propagande et en les combattant par l’action.
Ils pratiquent à l’occasion le "compromis nationaliste", c’est-à-dire l’entente avec tous les patriotes pour mener telle ou telle campagne d’intérêt public.» Présent dans la sphère littéraire et universitaire, il publie deux journaux de qualité, un pour chaque branche. Les tirages sont confidentiels et les effectifs globalement inchangés, ce qui dénote un défaut d'axe.
L'Union des cercles légitimistes de France (lien) en regroupe une trentaine en France. Ces cercles sont dédiés à l'étude approfondie de la légitimité dans l'optique de fonder la restauration de l'ancienne monarchie dans le béton des lois fondamentales du royaume et sa jurisrudence. L'émetteur de doctrine est logé sur le site Vive le Roy qui diffuse régulièrement des études et prescriptions, et organise chaque année une université d'été Saint-Louis où se pressent les docteurs de la loi et un public èduqué. Le but second des Cercles est de transmettre cette doctrine légitimiste aux générations futures.
Le manifeste légitimiste est une "charte" de 194 pages qui forment les arcanes complets de la légitimité et que je vous invite à consulter ici.
Le Groupe d'action royaliste (lien) dérive de l'Action française. Dans l'esprit des camelots du roi, ses dirigeants insistent sur le volet social du combat politique des monarchistes dans le droit fil des penseurs royalistes des siècles passés qui fondèrent le droit social français, tels que René de La Tour du Pin, Frédéric Le Play, Firmin Baconnier. Le GAR est corporatiste pour la production et écologiste sur ses effets. Son positionnement détaillé dans le Qui sommes nous rejette le "compromis nationaliste" de l'Action française et le "politique d'abord" de Charles Maurras. C'est clair.
« L’objectif premier du GAR est de former des cadres et de forger un état d’esprit autre que celui que le système nous impose au quotidien avec ses médias, dans le seul but de pouvoir mieux le combattre.»
Fondé par Guy Steinbach et Antoine Murat, il profite des contributions de Jean-Philippe Chauvin et de Frédéric Winkler, et ses publications sont abondantes tant numériques qu'imprimées.
Comme tous les autres, le mouvement manque de moyens pour forcer le passage dans le mur du silence et convertir plus largement à ses idées. Mais c'est probablement la chapelle la mieux établie sur ses fondations, disposant d'une doctrine riche et solide applicable à la nation française actuelle, en phase avec les défis qu'elle affronte. Si le monarchisme devait un jour percer en France, il ne serait pas étonnant que ce soit grâce au GAR.
La Nouvelle action royaliste (lien) est un canal dérivé de l'Action française qui s'est ouvert avec la candidature de Bertrand Renouvin à la présidentielle de NNNN. Son "action" se résume à l'impression du mensuel Royaliste et à l'organisation des "mercredis de la Nar" qui semblent maintenant s'espacer. On y invite une personnalité connue à l'occasion d'un évènement ou d'une parution. Le choix doctrinal de la Nar est de royaliser la constitution de la Cinquième République puis de faire avec. Bien qu'il soit difficile d'en être sût avec le prétendant d'aujourd'hui assez décalé de l'opinion dominante, il semble que la Maison d'Orléans soit également sur cet axe.
Ce club est renforcé du blog personnel de haute tenue de Bertrand Renouvin (clic), qui y publie ses éditoriaux et de longues réflexions sur des sujets de fonds (clic).
L'Institut de la Maison de Bourbon (lien) est une entreprise de commémorations diverses et variées dans les mains de la famille de Bauffremont ; mais dans sa fonction d'ambassade du prince Louis de Bourbon à Paris, il a l'oreille des pouvoirs publics et celle de la hiérarchie ecclésiastique et militaire assez complaisantes avec le duc d'Anjou. Sinon aucune action politique ! Par contre l'absence de compromission sociale attire dans ses manifestations de nombreux nostalgiques de l'ancien régime, comme on a pu le voir cette année à la Chapelle expiatoire le 21 janvier. Se convertitont-ils à la monarchie est une autre question.
Présence du souvenir bourbonien (lien) est un site légitimiste lyonnais qui relaie la communication du prince Louis de Bourbon et organise des cercles d'étude et conférences dans sa région. Il est surtout actif dans le champ des commémorations annuelles.
Voilà pour les sites institutionnels. Viennent ensuite des sites dédiés exclusivement à la propagande ou à l'information qui naissent et disparaissent régulièrement. Le plus ancien est certainement RoyautéNews.
RoyautéNews (lien) est un blog personnel très informé sur le Gotha qui rédige en mode maniaco-dépressif ses détestations de tous ordres. En ligne depuis une quinzaine d'années, il n'a rien perdu de sa vigueur rabique et apparemment entend continuer d'un pas assuré comme Johnny Walker. Sa spécificité est de n'avoir aucun axe de propagande et nul projet constitutif d'une alternative institutionnelle. Il fut un temps carolingien.
La Faute à Rousseau (lien) est un site fondé il y a dix-sept ans par la Fédération royaliste de Provence pour diffuser la pensée maurrassienne et la doctrine d'Action française. Ses fondateurs ont accumulé une incroyable collection d'archives royalistes allant des rassemblements en Provence, jusqu'aux grandes unes de l'Action Française historique, des éphémérides copieusement alimentés, des textes de grands auteurs de la cause et une défense inlassable de la maison de Maurras. Ce trésor est enfoui sous une charte graphique d'amateur, dans un désordre inextricable rendant la navigation difficile voire lassante. Pour tout dire, moche ! Une fonction de revue de presse peine à convaincre parce que les sujets de mécontentement ont été traités ailleurs avant !
Comme on pouvait s'y attendre de tout club royaliste, une partie de la rédaction a fait sécession pour mettre en application de nouvelles idées en créant un site mirroir qui avait l'ambition de tout emporter avec lui. C'est le suivant.
Je Suis Français (lien) est donc l'avatar moderne de La Faute à Rousseau. Prendre pour titre un "Je Suis..." est assez osé de nos jours. Lancé sur une charte graphique professionnelle mais pas vraiment attrayante, le site compile au quotidien les nouvelles qui nourrissent sa détestation de la société politique dominante ; souffrant du même travers que son parent, à savoir que ces articles ont été déjà lu par ailleurs. Un peu de rédactionnel assuré par des contributeurs extérieurs, beaucoup de compilation, et donc de déception pour qui attendrait que la rédaction phosphore sur des idées neuves, un poil attrayantes. Lire le billet du Million à leur sujet (clic).
La Charte de Fontevrault (lien) est un groupe royaliste providentialiste qui demande à ses adhérents de prier Dieu pour le retour du roi, mais aux conditions établies par la Charte qui amalgame les lois fondamentales du royaume de France aux prédictions apocalyptiques (sens premier) de mystiques ayant "subi" des apparitions révélatrices. Son président-fondateur eut la bonne idée de réunir les chapelles à Paris, du moins les chapelains, pour une journée de rencontre et d'échange, mais ne sut la faire prospérer. Son empreinte dans le champ doctrinal est faible et dénoncée par les légitimistes purs et durs qui y voient une tentative de démobilisation des royalistes engagés.
Le Cercle Royal des Enfants de France (lien) est un site récent de la mouvance légitimiste qui se place sur le créneau de l'information en continu, en direction de la jeunesse. Difficile gageure. Sa charte graphique est récente et attrayante. Son contenu s'accroît de jour en jour. C'est un site bien tenu à recommander. Son "à-propos" nous précise : « C'est une manière à notre échelle de présenter au jeune français l'alternative de la Monarchie. L'avantage est que ce journal est confectionné par des jeunes, et que par esprit de solidarité tous se mettent au travail pour vous, alors devenez royaliste, adhérez au CREF, ou abonnez-vous et merci !»
Le parti-pris de jeunisme peut être contreproductif.
Pour finir, citons un site personnel très réussi qui fait sa propagande pour le retour du roi et qui la fait bien : Demain la Monarchie (lien).
Un mot sur un site stoppé par les autorités qui avait le grand mérite de rédiger ses articles, parfois à la limite du politiquement correct, plutôt que de compiler le travail d'autrui. Le "Conseil dans l'espérance du roi" s'est maintenu en ligne et ses archives sont accessibles ici. Ce blog était aussi féru d'héraldique.
Arrive sur le marché royaliste un descendant de Charles X (lien) qui a l'ambition de faire valoir son point de vue pour réconcilier les Français avec leur histoire. La démarche n'est pas nouvelle mais c'est quand même du renfort s'il s'y colle vraiment. Nous invitons les absents à prendre contact avec nous par le formulaire ad hoc afin de nous faire une brève présentation de leur site, et nous l'inclurons dans une prochaine mouture de cet article.
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