N° 29 du Bien Commun

L'Action Française a eu la bonté de m'adresser le n°29 du Bien Commun (mai 2021) aux fins d'abonnement. Je l'en remercie et vous invite à acheter ce magazine si on vous le propose dans la rue. C'est 48 pages au format demi-tabloïd tiré en trois colonnes sur du papier couché vendu 7 euros. Tout commence bien, mis à part la police de titre qui ne va pas (elle n'emplit pas l'espace titre). Plutôt que d'en faire une recension ennuyeuse pour qui n'a pas le numéro sous les yeux, nous avons pris le parti de parler aujourd'hui du meilleur article (à notre idée) de cette livraison et de finir par quelques recommandations gratuites au plan éditorial et de fabrication.
couverture du Bien Commun
Las des billets pour initiés ou militants convaincus d'avance, j'ai eu plaisir d'entendre quelqu'un de neuf me parler d'un projet neuf avec clarté, en page 40. Je ne connais pas Augustin-Marie Aubry et la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier non plus, même si le saint me dit quelque chose.
Le père Augustin-Marie est maître des novices chez la FSVF. Il a publié Obéir ou Assentir chez Desclée de Brouwer et propose à Béatrice Challes la Semaine Aquinas qui a l'ambition de quitter "la confusion des idées" pour retrouver un "penser clair". La prochaine session*, qui se tiendra à Sées en Normandie, aura pour thème la nature.

« Ce thème de la nature est en soi une protestation. La nature est ce qui est donné et qu'on n'a pas construit soi-même avec sa tête ou ses mains. Cette antériorité de la nature sur l'activité humaine, rappelée avec force - mais non sans de lourdes ambiguïtés - par les chantres de l'écologue, est paradoxalement refusée quand il s'agit de l'homme. Or, le refus d'enraciner le déploiement de la liberté dans l'objectivité d'une "nature humaine" constitue la matrice idéologique des bouleversements que connaissent nos sociétés. Le choix de ce thème est donc une protestation contre la société de la révolution permanente : je refuse mon nom, mon sexe, mon âge, etc. L'homme voudrait être cette chose chimérique, qui consiste à être en construction permanente, en autoproduction continue (...). Pour parler comme Derrida, le refus moderne de la nature est une déconstruction qui doit elle-même être déconstruite. Nous y travaillerons avec entrain cet été.»


Quand on écoute un dominicain - j'en ai entendu plusieurs lors des prêches de carême de ma jeunesse - tu comprends vite que nos ancêtres cathares n'avaient aucune chance, même avec le concept surpuissant de l'enfermement de l'homme dans sa tunique charnelle par le Principe du Mal matériel qui préexistait à tout. On a compris qu'en l'affaire, il s'agit aussi de diaboliser les évolutions sociétales réputées toxiques à droite, une continuation d'un combat toujours recommencé.
La session de juillet étant réservée aux jeunes gens de 18 à 35 ans, je devrai attendre un peu... ma réincarnation ! Dommage, les contributeurs sont vraiment relevés et docteurs au moins, dont le doyen Brochier de l'Institut de Philosophie Comparée de Paris (facultés libres), qui avait mouché l'ex-urologue médiatique Laurent Alexandre à la table ronde de Polytechnique en janvier 2019.

Quant aux origines et activités de la FSVF, c'est très bien expliqué sur la Wikipedia en cliquant ici. leur site, . Ce sont au départ des dominicains dissidents.

* Session 2021 de la Semaine Aquinas, Institut Croix-des-Vents, 55, rue d'Argentré, 61500 Sées - du 25 juillet au 1er août 2021, participation de 125 euros par personne



Venons-en au magazine en lui-même.


Sur la forme, le progrès est net par rapport à l'AF2000 même si on voit encore des "carrés blancs" qui devraient être emplis d'encarts publicitaires payants. Il n'y a pas d'excuse sauf un peu d'indolence à démarcher de la pub. Qui pis est, le maquettiste ne maîtrise pas la résolution PPP de l'iconographie. La mauvaise photo du Traité de l'Elysée, récupérée sur Wikicommons, n'a pas sa place dans un magazine qui recherche la qualité. Et la quatrième de couverture est "perdue" dans une affiche militante, quand on pourrait y gagner des sous.
Sur le fond, du meilleur et du moins meilleur, mais nous n'allons pas distribuer des notes. L'angle reste étroit et l'information est trop souvent destinée aux initiés. Que comprendre au projet d'école intégrale de l'ancien coordonnateur de Saint-Jean de Passy quand on ignore les motifs de son licenciement déclenché par une "curée indigne" dont personne ne m'a parlé. Ouvrir l'angle ne nuit jamais à un mensuel s'il a l'ambition de quitter le nanocosme militant, ce qui ne signifie pas que l'on doive ignorer les nouvelles du front. Le récit de l'intrusion de l'AF Toulouse au Conseil régional d'Occitanie est parfaitement fondé sur les dérives islamiques documentées de la présidente Delga. Le tapage médiatique était recherché par nos militants toulousains dans la pure tradition d'agit'prop ; il fut acquis. Dont acte et bon sujet !
Néanmoins ce mois-ci, il me manque une analyse des effets probables de la mort d'Idriss Déby sur nos affaires au Sahel. Nous avons cinq mille hommes engagés. Ferons-nous comme les Américains en Afghanistan ? Insister en coopération avec des armées locales sous-motivées pour partir ensuite au milieu du gué, au plus mauvais moment, pour un motif électoral métropolitain ? J'aurais aussi aimé un article de vraie découverte, sur des sujets plus actuels que l'éternel retour aux idées de Maurras ou la doxa classique AF : bitcoins, permaculture, hégémonisme chinois, ordinateur quantique, dépollution des océans, les sujets intéressants ne manquent pas. Mais peut-être une politique éditoriale a-t-elle décidée de garder l'angle étroit (?!) pour des raisons qui me dépassent et si je veux un journal différent, que je le produise donc !

La conclusion de l'article sur le numéro 15 faite en février 2020 a toute sa place ici : "le fond est très intéressant, la forme améliorable, la quantité de pensée au mètre-carré est à augmenter, surtout que le prix au numéro reste élevé : 6,36 euros."

Le mensuel est sur abonnement, soit numérique à 50 euros par an (11 n°), soit normal à 70 euros. Envoyer son chèque à l'ordre du CRAF au Bien Commun 10 Rue Croix-des-Petits-Champs 75001 Paris

6 comments:

le baron a dit…

il doit etre ininterressant à lire comme jadis Aspect ; radotage
peu d info, rien sur le dessous des cartes etc...
faut mieux lire à des revues comme Faits et Documents ,ou carrément Front Populaire là on trouve des articles plus percutants

Catoneo a dit…

Tout dépend du lecteur, et plus particulièrement de l'âge d'icelui. Effectivement un vieux lecteur d'Action française aura un sentiment de déjà vu, voire aura compris l'article par son titre seulement s'il s'agit de doctrine.
C'est pourquoi, je signale "l'angle étroit" de la politique rédactionnelle. Mais peut-être que la cible de cette revue est plutôt un jeune militant ou un jeune actif dans la tranche d'âge que recherche les CMRDS. Auquel cas, passé la trentaine, ce lectorat s'évanouit, comme l'avait montré l'enquête de SYLM.

le baron a dit…

ce lectorat s'évanouit
comme le militant, j en suis un exemple

Catoneo a dit…

Je n'ai les chiffres ni du tirage ni des ventes pour le confirmer. Mais dans le reflux de la presse papier, la presse d'opinion s'estompe plus vite que les autres. En plus, le combat d'influence ne peut pas s'adosser à un mensuel. Le minimum pour exister sur le marché de l'information réactive c'est l'hebdo.

Cette revue, qui a eu l'intelligence de laisser le titre "L'Action Française" à l'histoire, est d'abord un bulletin interne de liaison, mission qu'elle réussit assez bien.

le baron a dit…

7€ pour un bulletin interne c est du vol rien ne vaut la bonne vielle roneo ou le photocopieur
j ai vendu Aspect à la criee et afu je lisait ce dernier mais pas Aspect
le probleme c est que chaque article est fait en fonction de Maurras, sa premiere dent, ses copains d ecole ce qu il a dit en rentrant le soir chez lui etc.…
j ai milité à l AF sans avoir lu Maurras je suis passé par Coston et sa revue lectures francaises , par jean haupt, ploncar d assac etc.….
mais le pb c est qu ils ne parlent que de Maurras

Catoneo a dit…

Pas toujours, et Maurras a fondé l'Action française avec un "océan" d'articles de presse qu'il est difficile de descendre aux archives mortes.
Le souci c'est plutôt l'aggiornamento de la doctrine maurrassienne pour coller aux réalités et nécessités du temps.
Mais c'est plus le problème du CRAF que le mien.

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